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À l'origine du blues.
Les jeunes saxophonistes ou les improvisateurs débutants se voient souvent conseiller de pratiquer le blues sur la forme standard de 12 mesures. Dans ce Podcast, je vous propose une approche différente et non mesurée. En effet, à l’origine, le blues était une forme d’expression libre, proche de la poésie et du parler. C’est pourquoi je trouve intéressant de le pratiquer de cette manière au début. Cela vous permettra de mieux appréhender le mode, les différentes interprétations des « blue notes » et de leurs significations.
Je reviens donc, ici, sur les origines du Blues. Je vous parle de :
• L’origine du mot
• De sa genèse
• D’où il vient
• De ce qu’il raconte
• Les « blue notes » et le « mode du blues »
• De ces applications aux saxophones
• Quelques pistes sur l’improvisation
• Comment interpréter les « blue notes »
Pour faire ce podcast, je me suis inspiré de l’excellent livre sur l'histoire du Jazz de Frank Bergerot : "Le Jazz dans tout ses états".
Bien plus que des informations sur le blues, vous pourrez y trouver l’histoire du jazz, de la traite des noirs, jusqu’aux musiques du 21ème siècle. À lire sans modération !
Pour vous documenter sur les différentes formes du blues et son histoire, n'hésitez pas à consulter : " La grande encyclopédie du blues" de Gérard Herzhahf ou encore " Le Blues, les musiciens du diable" de Stéphane Koechlin.
En complément de ce podcast, vous êtes libre de télécharger mon livret: "Ma méthode simple et efficace pour apprendre n'importe quel morceau" en cliquant ici: Ma méthode simple et efficace pour apprendre n'importe quel morceau.
Si cela vous à plus, n'hésitez pas à le commenter et le partager.
Bonne écoute!
Transcription texte du podcast :
Bonjour et bienvenue sur ce podcast du blog SaxophonistePro, je suis Benjamin Dubray et aujourd’hui nous allons parler du blues !
J’ai choisi de vous parler du blues aujourd’hui parce que très souvent quand on commence à improviser ou qu’on veut commencer à improviser au saxophone ou à d’autres instruments, on entend dire : joue des bleus, apprend le mode du blues… C’est par là que cela commence et c’est la forme la plus facile d’improvisation, ce qui est vrai en partie, mais qu’est-ce que c’est le blues ?
Très souvent, on a tendance à oublier ce que c’est à l’origine. Comment les musiciens ont fait pour improviser sur les bleus ? D’où vient l’improvisation du blues, etc. Parce qu’avant de savoir les jouer comme Charlie Parker, John Coltrane, Joshua Redman ou que sais-je encore, c’est important, est extrêmement important même de savoir d’où cela vient et pourquoi c’est là. Nous allons parler de tout ça aujourd’hui.
Donc le blues, qu’est-ce que c’est ?
Le blues à proprement dit, va naître, va se faire connaître en tout cas après l’abolition de l’esclavage donc que l’abolition de l’esclavage ne s’est absolument pas passée comme prévu puisque les conditions d’émancipation qu’on avait annoncée aux esclaves noir américain n’ont absolument pas été respectées. Donc on leur a confié de petites parcelles de terrain dont ils avaient la charge, la culture, etc., et donc ils ont donné une expression individuelle intime à leur déprime collective.
Évidemment, comme je viens de vous dire, ça n’a pas été tout rose.
Le mot blues lui va désigner à la fois un sentiment, différents genres chantés, différentes sortes de blues, ça désigne aussi une forme poétique et une forme musicale. Ce mot-là viendrait d’une vieille expression anglaise « The blue Devils » donc les Diables bleus qui s’emparent de l’âme des gens déprimés. Au cours du 19e siècle, le mot « bues » devient aussi aux États-Unis, un synonyme de cafard. Aussi, « I got the blues », j’ai le cafard, je ne me sens pas bien. Les noirs se l’approprient. Le mot Blue servit à qualifier parfois les fameuses notes instables des bluesmen, qu’on appellera par la suite les « Blue Note » dans le blues.
Qu’est-ce que ça raconte ?
Donc tel qu’il est apparu après l’émancipation du peuple noir américain, il témoigne d’une résignation dans le désespoir, évidemment, qui ne cessera de s’accentuer lorsqu’il va gagner les villes. Le Blues est une musique d’origine rurale, donc le bluesman est aussi d’origine rurale. En effet, il prend fréquemment son baluchon, sa guitare, sa vraie compagne, dit-on, pour fuir la condition malheureusement désastreuse du paysan noir du sud des États-Unis. C’est donc un personnage marginal, inadapté, souvent infirme (un nombre incalculable d’aveugles surnommés les Blind Boys [vous auraient certainement entendu parler du fameux groupe Blind Boys of Alabama], c’est un vagabond, un chômeur, on le décrit comme menteur, frimeur, coureur, buveur, bagarreur, parfois grands criminels. Ils découvrent la jungle des villes et doivent parfois s’y tailler leurs places au couteau. Ils n’ont pas une existence facile, comme vous pourrez l’imaginer. Quand il prend sa guitare, c’est pour lui confier tout son désespoir.
Alors qu’est-ce qu’ils racontent ?
Ils racontaient la misère économique, des chansons comme « No Shoes », la misère affective ou sexuelle « Empty bed Blues », il va pouvoir aussi raconter l’alcoolisme avec des chansons comme « One Scotch » où « One bourbon », mais aussi la maladie « the TB blues », il va raconter la prison « the penitentary blues » », l’errance « The homeless blues » et voir parfois le blues lui-même personne personnifié, comme on a retrouvé des chansons qui s’appellent « the first time i mate the blues », la première fois que j’ai rencontré le blues. Alors, il y a aussi des blues un petit peu plus enjoués, qui sont souvent humoristiques avec un humour plutôt salace et un ton amer et souvent sarcastique. Mais parfois, le bluesman se sent touché aussi par le Saint-Esprit donc il va à ce moment-là commencer à jouer, à chanter, à l’image d’un prêcheur.
Parlons maintenant quelques mots de la genèse du blues.
On s’accorde à penser que le blues est né à la fin du XIXe siècle, au contact des traditions africaines et des musiques européennes dans la région dite du « delta », au nord-ouest de l’État du Mississippi entre Vicksburg et Memphis. Le blues du « delta » est un art qui va rester relativement primitif, compte tenu de l’évolution du blues par la suite. Il est composé de rythmes obsédants de la guitare, qui va très souvent jouer avec le fameux bottleneck, le goulot de bouteilles ou une lame de couteau aussi parfois, qui se promenait sur les cordes qui va très pouvoir simuler la voix humaine. C’est probablement pour cela qu’on l’a si amplement utilisé. Le chanteur quant à lui va avoir souvent recours à la voix tête, avec une poésie riche en sous-entendus, des métaphores enchaînées, etc., etc. L’auteur souvent chantait à la limite du parler, en fonction d’un texte plus ou moins improviser, sans trop se préoccuper de la mesure. C’est hyper intéressant, car seul comptait la pulsation, c’est-à-dire qu’à cette époque, la forme que l’on connaît du blues à 12 mesures, traditionnelle, n’existait pas. C’était donc une forme poétique qui pourrait avoir eu une origine africaine. Donc ça serait : un tercet dont le premier vers est répété deux fois. Alors ça, c’est extrêmement important. Ça a son importance pour la carrure par la suite de 12 mesures, mais à l’origine, les bluesmen donc, répétaient deux fois le même tercet et les guitaristes le même riff pour avoir un troisième riff de conclusion entre la mesure 9 et 12. On n’en reparlera après. Évidemment, si je vous parle de tout ça sur le Blue c’est aussi pour vous montrer des exemples au saxophone.
Comment le blues s’est-il démocratisé ?
Par l’expansion du peuple noir américain sur tout le territoire, mais aussi on raconte que le chef d’orchestre noir WC.Handy, a découvert le blues lors de ses tournées dans le sud des États-Unis et a constaté le succès de la musique auprès du public local. Donc il ne tarda évidemment pas à s’approprier quelques aires et il a publié en 1912 le « Memphis blues » qui était une structure hybride qui combinait un couplet de 20 mesures et un blues de 12 mesures, donc la mode du blues était alors lancée et pour les besoins de l’édition et des interprétations orchestrales, le blues va se fixer finalement plus tard, sous la forme de 12 mesures. Ce qui est devenu depuis un standard adopté dans le monde entier.
Nous allons parler maintenant des fameuses Blue Note, ces notes absolument caractéristiques du blues.
Nous allons revenir un petit peu en arrière avec les musiques traditionnelles africaines. Dans les musiques traditionnelles africaines, on ne pratiquait généralement pas la modulation à intérieur d’un morceau. Mais on pouvait utiliser une multitude de modes d’un morceau à l’autre. Certaines tribus étaient habituées à chanter à la quarte.
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